Itashi possédait un carnet d'écriture avec une couverture en cuir noir, les angles recouvert par une fine lame de fer de couleur doré de la même façon que l'était le fil cousu du haut de la reliure. Sa mère le lui avait offert quelques mois plus tôt, lorsqu'il allait entrer en fonction.
En l'ouvrant, on pouvait voir un papier coincé dans la couverture ; il s'agissait d'un morceau de carte représentant son pays, malheureusement scindé en deux. Il avait eu la chance de naître du bon côté. Pourquoi possédait-t-il cela ? Lui même ne le savait pas tellement, la nostalgie peut-être.
La première page contenait un poème écrit lorsqu'il avait 16 ou 17 ans, sans aucune valeur littéraire, Itashi avait tout de même pris soin de le recopier, pour se rappeler ce qu'il avait ressentit ce jour là.
Douce haine qui m'emplit et me lacère,
T'essoufflerai-tu ne serait-ce que l'instant,
De sauver cette colombe ?
Une nuit tu murmurais de ta voix claire,
Le visage bercé par le voile de la lune,
Lorsque le vent caressant l'herbe,
M'apporta tes maux.
Sombre déesse qui me fascine et tourmente mon cœur,
Aurais-je un peu de répit,
Pour panser ses plaies ?
Tes larmes coulaient doucement le long de ton frêle visage,
Et nos cœurs pleuraient à l'unisson,
Mais je n'eus pas le courage de prononcer ton nom,
Noyant dans l'immensité de la nuit,
Ton étoile.
Ardente femme,
Par le joug du glaive,
Une fois de plus,
Je chute devant toi.
Alors tu as plongé,
Dans les cauchemars de ta chambre,
Dévorée par les draps,
Tandis que paisiblement je vivais.
Monstre infâme qui dicte mes pas,
Ce soir encore je te maudis,
Car tu m'en ferais vouloir,
D'être allé sur la colline écouter,
Les murmures du vent.
Jamais tu ne devinas qu'un instant,
Je fus si proche de toi,
Pardonnes cette fugace intrusion,
Mais surtout,
Fermes les yeux sur ma faiblesse.
Chose itinérante ne faisant partie que de moi-même,
Enfant malicieuse ne répandant que du mal,
Sache qu'un jour,
Je nous tuerai.
En tournant la page, une photo se dévoilait, en noir et blanc, le papier jauni et effrité ; il était difficile de distinguer du premier coup les traits de la jeune femme siégeant au centre. Il s'agissait de la vraie grand-mère maternelle d'Itashi. Lors de la prise, elle était encore assez jeune, une trentaines d'années peut-être. Elle portait une robe lui retombant sur le bout des épaules, le vêtement paraissait trop grand pour elle. Sa grand-mère était coiffée au carré, les cheveux brun sans aucun doute. Ses yeux étaient difficile à distingués au vu de la qualité de la photo, mais ils semblaient petits et ridés tout autour. Son attitude était triste, aucun de ses traits n'avaient une expression particulière, la photo aurait pu en être effrayante ; mais Itashi n'avait que ce souvenir là de sa famille. Personne ne savait la vérité à propos de sa famille, même ses parents d'adoption n'en savait guère plus que lui-même. Mais il n'en voulait à personne, continuant comme à son habitude à rester calme et humble avec les autres.
Sur le troisième feuillet, figurait la traduction d'une des chanson d'un groupe largement apprécié par Itashi :
PARADOX 5 (by D'espairsRay)
Enveloppé dans des flammes, endormies, vous avez commencé un voyage.
Vous cherchez la paix dans un lieu lointain...
Vous êtes liés à la lune, à l'origine, remplie de désir.
Amour éternel dans un flot.
Retours à là libération et au salut.
Des souvenir flottant disparaissent dans l'océan du commencement de tout.
Loin de là, à la fin d'une longue purification...
Vous descendez de la lune, ensemble avec l'averse qui célèbre la terre
Vous avez pris le souffle à votre intérieur.
Âme sans avidité
Amour éternel en peine
Demeure dans une nouvelle vie.
Samsara ...
Amour éternel dans un flot.
Déborde dans la libération et l'espoir.
Vous êtes partis jusqu'à la renaissance.
Vous étiez ... une âme réticente.
Samsara ...
La suite du cahier était vide, mais elle se remplirait sûrement au long de l'année, annotée de quelques gribouillis dans le pire des cas.
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